Portrait de Loïc Le Pape, le plus rock’n’roll des luthiers français

loic le pape

Dans sa quête de guitares, privilégiant les marques françaises, il fut difficile pour Olivier de faire l’impasse sur un artisan, créateur de guitare “hors normes” : Loïc Le Pape.
Il ne se définit pas comme luthier, mais comme fabriquant de guitare en métal.
On trouvera ses guitares entre les mains de Norbert “Nono” Krief (Trust), Johnny Depp (Hollywood Vampire), Les Fatals Picards, etc … Bref du beau monde, sans oublier Olivier of course !
De mécano moto à fabriquant de guitares, découvrons cet artiste engagé qui ne mâche pas ses mots, et c’est tant mieux  !

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Loic le pape, 49 ans, fabricant de guitare en acier. Rockeur d’obédience, passionné de musique surtout avant d’être passionné de guitare!

 

Pourquoi le métal et pas un autre matériau pour la fabrication de tes guitares ?

J’étais fan de Kas Product (une pensée à Spatsz , le claviériste du groupe, décédé il y a peu), de Daniel Darc avec Taxi Girl.
Gamin, j’étais fasciné par les guitares de James Trussart. J’ai d’ailleurs pu en discuter avec lui au dernier Namm.
Ce sont des personnes comme ça qui m’ont éveillé à la musique.
Et puis, plus tard, je me suis retrouvé handicapé. J’avais de l’acier, j’avais un manche, il fallait que je m’occupe: j’ai fabriqué une guitare en acier. Qui est restée chez moi d’ailleurs, parce que quelque part à l’époque j’ai eu la chance de la vendre, elle se vendait de plus en plus chère et elle était de plus en plus pourrie, donc je l’ai récupérée, je l’ai rachetée en fait, c’est le prototype n°1.

 

luthier

Ton univers semble assez punk, penses-tu que le rock aura de nouveau une petite place en France ?

Le punk et le rock c’est la même chose.
Quelque part, le rock c’est la création du statut de l’adolescent en 1954 qui est un mouvement global et général. C’est à dire que l’adolescent, comme ça peut être le cas aux USA, a une reconnaissance en tant que consommateur et donc en tant qu’individu. C’est une révolution!
C’est la première fois que des Blancs dansaient comme des Noirs. C’est quelque chose de choquant pour l’époque.
La chanson d’Elvis Presley “That’s All Right (Mama) ” est un morceau de la culture noire fait par un Blanc qui danse comme un Noir.

On retrouve cet état d’esprit dans le punk. Dans la période peace and love de 1968, il a aussi quelque chose de très revendicatif (guerre du Vietnam…). Et il y a aussi une résurgence de cet état d’esprit, de musique révoltée avec des thèmes. Ce mouvement a été très rapidement noyé dans la drogue. Pour moi, le gouvernement a fait en sorte que les porteurs d’un message révolutionnaire deviennent des messages de drogue et de mort.

Aujourd’hui, on est en 2019 , on a le mouvement social en France le plus important qu’il n’y ait jamais eu, avec un éveil des consciences. Les gens se sont rendus compte que les thèmes que l’on abordait dans le punk sont réels: l’annihilation par le pouvoir, le fait que l’on ne soit pas libre, etc… Ces thèmes étaient en quelque sorte prophétiques.
Mais il n’y a pas de bande son à ce mouvement! C’est à déplorer.
Il y a un décalage entre les artistes qui courent après leur statut d’intermittent, qui évidemment leur a permis de vivre d’un côté, mais qui de l’autre a institutionnalisé le milieu.
Ca a tué les lieux alternatifs. Le fait de poser une législation globale, ça a amené tout un tas de contraintes: contraintes électriques, de bruit, etc … Ca a mis une chape de plomb sur la création. Le pouvoir à tous les niveaux a annihilé les choses, a aseptisé et a acheté le milieu.

Un jour, cette musique reviendra car de toutes façons tous ces modèles de société sont en train de s’écrouler. Mais à mon avis, elle reviendra comme elle a existé, quand on sera dans un état de pauvreté extrême. Car c’est la pauvreté qui fait la création.

Après ta LP junior qui est devenue un modèle phare, tu as planché sur un projet perso de guitares électro-acoustiques, parle-nous un peu plus de ces hybrides !

J’essaie qu’elles sonnent acoustiques comme une guitare électro acoustique, avec le même niveau de qualité et sans le phénomène de feedback que l’on a sur les acoustiques quand on monte le volume. En terme de son branché, on est très près sur certaines équalisations, d’un son électro acoustique. Mais on peut aussi amener cette guitare dans des domaines comme le banjo, le dulcimer, voire même en montant les basses, d’une grosse jumbo. Elle est assez universelle en fait. Le niveau de sortie à vide est proche de ce que l’on peut retrouver sur une Ovation. C’est plus qu’une hollow-body en bois et moins qu’une acoustique. Ca permet de jouer tout seul en appartement sans embêter le voisin, avec une projection décente. Et évidemment, avec le micro électrique, ça permet de la jouer électrique sans ce souci de larsen.

 

D’autres créations originales prévues ?

J’y pense mais je n’ai pas développé de projets pour l’instant. En général, dès que j’ai une idée, je mets le point de départ dans la journée, puis j’y planche.
En ce moment, je suis trop submergé de travail pour entamer ce processus.
Mais ça viendra, c’est une certitude.

 

La moto semble tenir également une place importante dans ta vie ?

J’ai travaillé pendant des années dans la moto, ça a été vraiment mon truc.
Je m’étais même posé la question de fabriquer des Café Racer mais je n’ai pas le temps.
Aujourd’hui, j’en fais moins. J’habite en Haute-Loire et la moto me permet surtout de faire une activité ludique avec la nature.

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